Démences de Graham Masterton

Les murs ont des oreilles. Ne vous en approchez sous aucun prétexte!

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genre : horreur

Pourquoi j’ai choisi ce livre / cet auteur ?

C’est le premier livre que je lis de cet auteur. J’ai déjà régulièrement vu passer des avis plutôt positifs, au hasard des réseaux sociaux, mais je n’avais jamais sauté le pas.

Un ami, avec qui j’ai de bonnes affinités littéraires (comprendre : il adore King, entre autres), m’a recommandé la lecture de Démences il y a quelques mois. Comme je viens de finir un King, et que je me suis fixée de ne pas lire deux romans de cet auteur à la suite (du sevrage, du courage, de l’auto-flagellation, appelez cela comme il vous plaira), je me suis dit que c’était l’occasion de se faire une petite lecture horrifique. Comme vous l’aurez compris, je partais avec un a priori très favorable.

Résumé (sans spoil)

Jack Reed ne se doutait pas, en ayant un accident de la route, qu’il ferait la découverte d’une immense demeure inhabitée, à l’abri des regards indiscrets, mais recelant un potentiel commercial énorme. Ce qu’il ne comprend que trop tard, c’est que la bâtisse est loin d’être inhabitée… et ses occupants sont infiniment dangereux…

Mon avis

Par quoi est-ce que je commence… les aspects positifs ou les aspects négatifs ? Mon cœur balance. Allons-y pour les aspects positifs, car il y en a, même si à mon sens ils ne contrebalancent pas les aspects négatifs.

L’histoire est assez originale : des pensionnaires d’un asile psychiatrique disparaissent un soir sans crier gare, mais restent prisonniers de l’enceinte de la bâtisse suite à un rituel. C’est bien exposé, la manière dont ils vont contraindre Jack à les aider est certes classique mais efficace. Les événements s’enchaînent de manière relativement cohérente.

Il y a un certain nombre de scènes un peu gore, qui sont très détaillées. On est dans l’ambiance, ça fait frissonner, j’adhère. De ce fait je ne recommanderais pas ce livre à un public sensible et impressionnable (mais en même temps ça s’appelle Démences, donc vous savez pourquoi vous êtes là, non?).

Voilà pour les points positifs (oui j’ai déjà fini). Passons aux points négatifs.

Déjà les personnages sont, je trouve, particulièrement caricaturaux. Le personnage principal oscille entre son épouse Maggie qui le quitte au début du roman, très intéressée par ce qui concerne la conscience de soi et l’éducation non genrée (donc perçue comme « chiante », quoi) et sa secrétaire Karen qui cumule à peu près tous les clichés qu’on puisse se faire sur l’ex-femme d’un camionneur : blonde, s’habille mini, met des talons hauts, arbore des décolletés provocants et a le QI d’une huître (pardon les huîtres, si vous m’entendez). Elle appelle Jack « chéri » au bout de très peu de temps, et enfile les phrases bateau comme des perles, la palme revenant à celle-ci : « Jack chéri, rien n’est facile, tu le sais bien. La vie est une blague, alors sois gai-ris-donc » (les facepalms je vous entends, faites moins de bruit !).

Une récurrence dans quasiment tous les personnages qui se retrouvent embarqués dans cette galère : aucun ne pense jamais à appeler la police, et la grande majorité s’en méfient même. Alors oui, on subodore qu’ils risquent de finir en camisole s’ils racontent ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’ils ont vu, j’en conviens, mais le mode “moi je me méfie des flics, tous des pourris de toutes façons” actionné pour chaque personnage, on va dire pudiquement que ça manque de subtilité… D’ailleurs, on remarquera que seul un personnage est réellement tenté de laisser les autres se dépatouiller avec ce sac de noeuds, la plupart n’adhérant qu’avec peu de réticences au récit de Jack et s’embarquant presque joyeusement dans cette aventure.

Je pense que le plus gros problème que j’ai rencontré à la lecture est le style d’écriture. Est-ce un fait de l’auteur ou bien faut-il blâmer la traduction? Je ne suis pas en mesure de trancher, et je compte d’ailleurs lire un autre livre de l’auteur mais avec un traducteur différent pour me faire un avis plus définitif. Toujours est-il que le style/la traduction est lamentable. Oui je pèse mes mots. Vous voulez des exemples? Allons-y.

“Le sang coulant de sa bouche formait des moustaches de Chinois”

“Ses yeux étaient aussi verts que des raisins”

“Lorsqu’elle était heureuse, elle était féminine de façon exubérante. […] Mais lorsqu’elle était en colère elle pouvait se montrer masculine de façon déconcertante”.

Je n’ai jamais prétendu lire de la grande littérature, on peut avoir envie de lectures simples et pas prise de tête, mais quand j’en arrive à sourire voire rire en plein passage glauque, cela provoque un ascenseur émotionnel qui empêche de se mettre complètement dans l’ambiance. Et c’est dommage, parce que j’aurais pu passer sur les aspects négatifs explicités ci-dessus si ma lecture avait été plus immersive.

Je passerai sur certaines incohérences du récit parce que je n’ai pas envie de vous spoiler, ni d’être trop tatillonne. Cela ne gâche pas vraiment l’histoire, mais c’est l’empilement de plusieurs choses gênantes qui empêchent de l’apprécier, à mon humble avis.

Bref, je vais abréger le suspense quant à mon avis sur ce livre : je ne l’ai pas apprécié, et je ne vous le recommande pas. Mais libre à vous de l’avoir aimé, ou de le lire et de venir en discuter, au contraire je suis toujours ouverte au débat.

Mon personnage préféré

Je me suis jurée de respecter à chaque chronique la structure que j’ai déterminée dès la création de mon blog. Mais pour être cohérente avec les propos relatifs à mon avis (voir plus haut), vous comprendrez qu’il m’est impossible de choisir un personnage préféré. Tout au plus, je peux vous dire pour quel personnage j’ai souhaité mille fois qu’il trépasse. Sans tambour ni trompettes, ni suspense, il s’agit de Karen. Juste pour ne plus l’entendre débiter des platitudes et des “Jack chéri” à tout bout de champ alors qu’elle et le-dit Jack n’ont partagé qu’une seule scène romantique (bon ok, c’est pas romantique, mais je pense à vos chastes yeux). Elle vient par exemple lui rendre visite discrètement (spoil) en prison en se faisant passer pour sa soeur et l’embrasse à pleine bouche avant de partir (bah oui, entre frangins, une petite galoche et ça roule!)… Elle est bêtifiée à l’extrême, et a des réactions peu finaudes. Next!

Un passage qui m’a marqué

Il y a une scène qui se déroule dans le grenier de la bâtisse, qui fait assez froid dans le dos. Vous voyez le film The Descent, quand la protagoniste nage dans un magma organique ignoble, au milieu de restes humains ? Hé bien avec les descriptions de l’auteur, car il faut bien admettre qu’il déborde d’imagination en la matière, j’y étais à nouveau, pour mon grand (dé)plaisir. C’est gore, ça met dans une ambiance assez malsaine plutôt réussie. Et bien entendu, cela ne se passe pas bien (quel intérêt sinon ?).

Une citation

“Ce qui l’intriguait, c’était cette sensation qu’il éprouvait d’avoir été conduit jusqu’ici : comme s’il avait été destiné toute sa vie à découvrir cet édifice, cet après-midi précisément, à cette heure précise. Comme si l’édifice l’avait entendu.“

Bonus

Il me paraît assez évident de vous proposer Hellraiser de Clive Barker : un homme prisonnier d’une autre dimension et exigeant des sacrifices pour retourner dans notre réalité, ça vous parle non? Ayant consacré une chronique à cette oeuvre, je vous invite à aller la lire ici.

Une fois n’est pas coutume, je vous suggère la lecture d’une auteure auto-éditée, Julie Jkr et son roman “Le couloir des âmes” : “Claire Porter a 18 ans et vit avec sa grand-mère, Millie, à Staten Falls, la petite ville du Montana qui l’a vue naître et qu’elle n’a jamais quittée. Elle ne connaît pas son père, et sa mère a mystérieusement disparu depuis huit ans. Claire partage donc son existence entre Millie et Lucas, son seul ami, qu’elle garde égoïstement pour elle et qu’elle ne veut présenter à personne. Aucune ombre ne vient assombrir ce tableau, jusqu’au soir où Millie décède de manière brutale. Peu après, on remet à Claire une lettre grâce à laquelle elle apprend que sa mère entretenait une correspondance avec un homme qui ne signait ses courriers que par les initiales LM et qui réside en France. Claire décide aussitôt de partir sur les traces de cet inconnu. Lucas lui promet de la rejoindre dès que possible. Commence alors pour la jeune fille un long périple dans le monde de la magie noire, semé d’embûches et de dangers, au cours duquel elle découvrira enfin la vérité sur sa naissance, sur ses parents, sur son passé. Autant de secrets qu’elle aurait sans doute préféré ne jamais déterrer.”

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Côté 7e art, je vous propose le film “Mirrors” d’Alexandre Aja, sorti en 2008 et avec Kiefer Sutherland dans le rôle principal : “Un ancien flic, forcé de démissionner de son travail après un accident ayant coûté la vie de son associé, travaille à présent comme veilleur de nuit dans un grand magasin brûlé et abandonné. Seuls quelques miroirs ont survécu aux flammes. Il réalise que ceux-ci cachent un horrible secret qui les menace, lui et sa famille.” Petit conseil, n’allez pas lire la fiche Wiki, elle spoile la fin…

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2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Tomhas dit :

    Le coup du sang qui forme des moustaches de chinois je vais pas m’en remettre je crois XD. Encore une belle chronique ! On sent que le livre t’as laissé perplexe et tu soulignes les différents moins négatifs tout en respectant l’ouvrage. Ce qui montre ton talent de chroniqueuse :p …. Bon par contre m’en veux pas si je ne lis pas XD.

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