Même les endroits les plus paisibles renferment de terribles secrets.
Genre : thriller
Année de publication originale : 2018
Pourquoi j’ai choisi ce livre / cet auteur ?
J’adore cet auteur depuis que j’ai ouvert la trilogie du mal il y a déjà… longtemps! Je suis loin d’avoir tout lu de lui, mais cette trilogie et la saga de Ludivine Vancker m’avaient fortement marquée. De plus, un parallèle entre l’univers de Stephen King et le Signal avait été fréquemment évoqué sur les réseaux sociaux lors de sa sortie, du coup je ne pouvais décemment pas passer à côté.
Résumé (sans spoil)
La famille Spencer quitte les turpitudes de New York pour une petite bourgade tranquille nommée Mahingan Falls. Tranquille, vraiment ? Bien sûr que non.
Au fur et à mesure que les meurtres atroces se multiplient, sans parler de ces interférences radios qui s’apparentent à des cris de souffrance extrême, il faut bien se rendre à l’évidence : personne n’est en sécurité.
Vous vous êtes attaché à un personnage ? Vous avez tort…
Mon avis
La maison que vient d’acheter la famille Spencer est flambant neuve grâce aux travaux récents qui y ont été faits, mais ce n’est qu’un vernis de normalité qui va peu à peu se craqueler car, on s’en doute, ce tableau idyllique est trop beau pour être vrai, et de bien noirs secrets vont rapidement menacer l’innocente famille.
Un des gros points forts de l’histoire, c’est son rythme qui rend la lecture très vite addictive. Cela démarre très fort, avec un accident provoqué par une créature particulièrement effrayante, puis un meurtre. Le ton est posé, on n’est pas là pour se détendre. Il y a une ambiance particulière qui est amenée dès qu’on ouvre le livre, ne serait-ce qu’avec la reliure que j’ai trouvé très belle, et la carte de Mahingan Fall.
Chattam va jouer avec nos nerfs tout le long du livre, alternant les moments angoissants avec les moments calmes, ceux-ci se faisant de plus en plus rares à mesure qu’on s’enfonce dans l’horreur. Au début du récit, il s’amuse à commencer certains chapitres par des moments propres à perturber son lecteur : « Zoey attrapa un couteau et le planta dans le doigt pour le sectionner du reste de la main ». Comme la Zoey en question est une fillette de 2 ans, la perplexité est immédiate… avant de comprendre une ligne plus bas qu’il s’agit simplement d’une main de pâte à modeler ! Je crois que l’auteur veut qu’on le maudisse tout au long de notre lecture pour l’ascenseur émotionnel incessant qu’il nous fait vivre !
A plusieurs reprises, les personnages ressentent que « quelque chose » approche, comme un funeste pressentiment, selon un procédé qui n’est pas sans rappeler un certain… Stephen King (pour tout savoir sur sa bio, cliquez sur le nom du maître ;)) ! En tous cas c’est accrocheur, et on a bien du mal à lâcher sa lecture, car bien entendu les ressentis vont tôt ou tard finir par se vérifier.
Puisqu’on parle de Stephen King, force est de reconnaître son influence est là. Le livre commence par deux citations : la première est de lui, une citation marquante tirée de la nouvelle Le corps, où il est question de la difficulté d’exprimer ce qui nous pèse, moins parce que les mots peuvent manquer que parce l’interlocuteur peut nous faire défaut. Cet extrait résonnera une bonne partie du roman, tant chaque personnage ou groupe va être confronté à des obstacles (agression, découvertes inquiétantes, phénomène surnaturel, etc), avec l’angoisse de ne pas être cru par les autres, condamné un temps à porter son lourd fardeau. C’est un procédé efficace, et cela entretient un climat lourd de secrets. Cependant, je mettrais un petit bémol : étant donné que tous sont concernés (exceptés quelques personnages secondaires, tel le shérif Warden, mais déjà considéré comme un incompétent donc hors-jeu), le dévoilement des secrets ne rencontre que peu scepticisme, ou très brièvement. De ce fait, ils se lancent un peu trop facilement de concert dans la lutte contre les forces du mal. Cela ne gâche rien à l’histoire bien sûr, mais j’aurais aimé plus d’obstacles sur ce plan.
Toujours sur King, il est forcément délectable de relever des petites références à son œuvre : proximité de Mahingan Fall avec Salem (lieu où se déroule le culte livre éponyme), un des personnages vient de Derry (lieu où se déroule entre autre ça), un mort qui vient en pleine nuit avertir un des protagonistes du danger à venir (Victor Pascow, est-ce toi ?), sans parler de la menace du Wendigo. Le passage se déroulant dans les champs de maïs peut également évoquer (d’un peu loin je l’admets) la nouvelle Les enfants du maïs du recueil Danse macabre. Autant de petits Easter eggs qui raviront les amateurs du maître de l’épouvante dont je fais partie.
Dans Le Signal, l’horreur vient d’ailleurs. Le thème des esprits malfaisants aurait pu être très classique, si l’auteur n’y avait pas ajouté les affres de la technologie (mal employée) : pourquoi les ondes radio, lors d’interférences, diffusent-elles sans crier gare des hurlements propres à glacer le sang ? Et quel est justement le rapport, s’il existe, avec tous ces meurtres atroces ? Bien entendu, rien n’arrive par hasard, et je vais vous laisser le découvrir. Par honnêteté je dirais qu’il y a à mon sens trop d’éléments surnaturels divers liés à l’histoire de cette « paisible » bourgade (l’héritage du procès des sorcières de Salem, le Wendigo, etc), je pense qu’on aurait pu n’en garder qu’un ou deux sans que cela ne gâche la cohérence de l’ensemble. Alors oui, cela fonctionne, je n’en disconviens pas. Mais cela fait beaucoup pour un endroit aussi circonscrit.
Clairement, ce livre n’est pas pour les âmes sensibles, mais je ne vous apprends rien (allez, ne faites pas les étonnés, c’est Maxime Chattam!). Les morts sont atroces, avec force détails que l’auteur ne souhaite évidemment pas nous épargner. J’ai trouvé qu’on flirtait fréquemment avec le gore gratuit, certaines morts en devenant grotesques. Mais c’est la marque de fabrique de l’auteur, donc difficile d’y trouver à redire, non? Pourtant je dois admettre, mais ce n’est que mon avis, que la débauche de détails sanglants a fini par m’anesthésier au fur et à mesure de ma lecture : les premières morts on tremble, les suivantes on y devient moins sensible (bon ce n’est pas totalement vrai, et j’espère vraiment que vous ne vous attacherez pas trop aux personnages, votre petit cœur risque de souffrir sinon). Par contre je salue l’auteur pour son inventivité!
Au final, j’ai trouvé cette lecture vraiment agréable mais pas inoubliable, il y a d’autres œuvres de l’auteur que j’ai préférées. Mais cela reste de très bonne facture, et on y passe d’excellents moments de lecture. Donc oui, je vous en recommande la lecture.
Mon personnage préféré
Mon cœur balance entre Olivia, la mère de famille et femme forte qui est prête à tout pour protéger sa tribu, et Ethan Cobb, le flic au passé sombre pris entre ses intuitions et sa hiérarchie incompétente. Comme j’ai tendance à préférer les personnages plutôt nuancés, je retiens Ethan. Il est très crédible en Don Quichotte, qui tente d’enquêter sur les événements qui secouent la bourgade envers et contre sa hiérarchie. Sa relation avec Ashley sort des facilités d’usage, et j’ai trouvé ça appréciable.
Un passage qui m’a marqué
L’aire de jeux. En principe, c’est un lieu rassurant et joyeux, où les enfants s’égaient sous les yeux attendris de leurs parents (okay, qui regardent de temps en temps leur portable, mais c’est humain, non ?).
Mais on est chez Chattam. Outre que ce passage rappelle furieusement une scène choc de ça de Stephen King (oui, encore lui !), la scène est brève mais si choquante qu’on en vient presque à regretter pour la victime de ne pas être à la place de Georgie.
Une citation
« Les monstres existent. Je ne peux pas affirmer le contraire à mes gosses. Ils sont rares, mais pourtant bien réels. Je ne peux pas leur mentir.
Tom préféra garder le silence. »
Bonus
Je vais retenir le thème maison hantée, il y en aurait d’autres mais plus susceptibles de vous spoiler.
Au vu de l’influence qui plane sur ce roman, je ne pouvais pas ne pas vous recommander des livres de Stephen King, à commencer par Shining. « Jack Torrance tente de reconstruire sa vie et celle de sa famille après la perte de son emploi d’enseignant due à son alcoolisme. Ayant arrêté de boire, il accepte un emploi de gardien dans un grand hôtel isolé dans les montagnes, et fermé en hiver. Il emménage dans l’hôtel Overlook (dans les montagnes du Colorado) avec sa femme Wendy et son fils Danny. Ce dernier possède des dons de médium et est sensible aux forces surnaturelles. Le jour de son arrivée à l’hôtel, Danny fait la connaissance de Dick Hallorann, le cuisinier de l’hôtel, qui possède lui aussi le shining mais à un degré bien moindre que le jeune garçon. Hallorann met en garde Danny contre les dangers de l’hôtel qui serait doté d’une conscience, et possédé par des esprits. Danny, ayant des prémonitions du danger que représente l’endroit pour sa famille, commence à voir des fantômes et des visions terrifiantes du passé de l’hôtel. Mais celui-ci commence à posséder Jack, le rendant de plus en plus instable et agressif afin de mieux le manipuler. Peu à peu, et après plusieurs incidents de plus en plus inquiétants, Jack cède au charme vénéneux de l’hôtel et voit son fils et sa femme comme des ennemis dont il faut se débarrasser. ». Si vous n’avez vu que le film de Kubrick, je vous recommande chaudement la lecture du livre qui lui est à mon avis supérieur.
Je vous ai déjà parlé de Richard Matheson et son cultissime Je suis une légende. Vous pouvez continuer la découverte de cet auteur avec La maison des damnés : « Passer une semaine dans une maison réputée hantée depuis trente ans : telle est la mission confiée au dr Barrett et à une équipe de spirites par un milliardaire mourant, qui veut savoir si son âme lui survivra. Mission que le parapsychologue s’empresse d’accepter, espérant bien ainsi triompher des » maléfices » et vérifier ses théories scientifiques sur l’existence d’une vie après la mort. Arrivés sur place, les investigateurs se rendent vite compte que le lieu est à la hauteur de sa réputation : résonnant des crimes et des orgies qu’elle a accueillis par le passé, la maison Belasco semble les attendre. Prête à posséder les audacieux qui oseront pénétrer en son sein… »
Quittons le monde littéraire pour un autre classique des films d’épouvante : Amityville : La Maison du diable, film d’horreur américain réalisé par Stuart Rosenberg, sorti en 1979. « Amityville, banlieue de New York, 13 novembre 1974. Dans une maison bourgeoise, un jeune homme, dans un accès de démence, tue à coups de fusil ses parents, ses frères et ses sœurs. À son procès, il affirme avoir été possédé par une voix lui ordonnant de tuer tous les siens. Quelque temps plus tard, la maison est mise en vente à un prix défiant toute concurrence. La famille Lutz l’achète, malgré la tragédie qui s’y est déroulée. Ils n’y resteront que vingt-huit jours alors que des phénomènes paranormaux se produisent… ». Je trouve d’ailleurs que la maison du film et la Ferme (maison des Spencer) ont un air de ressemblance, et je ne serais pas étonnée d’apprendre que ce n’est pas une coïncidence.
Pour finir, je vous propose de lire ma chronique sur Démences de Graham Masterton. Vous pouvez rire en la lisant (lien ici), et aller lire le livre si vous êtes intéressés malgré tout !!
Me voici me voilà ! Je suis tout à fait d’accord avec toi sur tout ce que tu as dit, en particulier le sang gratuit, y a un moment où ça ne t’affecte plus autant. C’est dommage mais ça ne gêne pas énormément la lecture.
Rah qu’est-ce que j’aurais aimé qu’on s’aventure davantage sur l’histoire de la maison hantée ! Et les Indiens, y a tellement de scénarios possibles à partir de là :p
Merci aussi pour toutes les références à King, il serait franchement temps que je regarde et lise The Shining ! 😉
Superbe chronique Isa’, hâte aux prochaines 🙂
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Alors… Du rythme oui, de la peur pas trop. Par contre, je n’en garde pas un bon souvenir… Pour moi Chattam est allé trop loin dans la référence et dans l’influence King, si bien qu’il en perd de son propre style…
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Plus que de la peur je dirais surtout du gore. Et je suis d’accord, c’est du Chattam qui ressemble à du King mais qui n’en est pas.
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Oui c’est ça… Vraiment grosse déception de mon côté
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Le signal à vraiment tout pour me plaire je pense :p
Reste à savoir quant est-ce que je vais le lire :p
Mais j’avais déjà lu des avis qui disait justement que ça ressemblait à du King sans en être :p On verra bien !
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