Parce qu’il n’y a pas que le rouge dans la vie, il y a aussi le vert, les sorts et les fesses.
Genre : humour et amour
Année de publication originale : 2020
De quoi ça parle :
« Vous trouverez dans ce livre des sorcières, de la magie, des charpentes, de la sociologie pour freaks, des dragons et des fesses. Et, bien sûr, de l’amour. »
Ce que j’en ai pensé :
J’ai acheté ce livre sur la recommandation d’un ami qui a (généralement) bon goût. Et je ne le regrette pas une seconde!
On pourrait dire que tout est dans le sous-titre « sorcière du cul » : Wolcano la sorcière utilise sa langue de dragon, traditionnellement attribuée pour parler plusieurs langues et faire du bien autour de soi, … ben pour faire le bien en fait. Sauf que la communauté de la sorcellerie n’approuve pas la libre interprétation de « bien » de cet électron libéré, et s’attelle à en exclure Wolcano. La sentence est donc tombée, et les grands Mages de la sorcellerie, estimant que 666 n’est paradoxalement pas un nombre orthodoxe, ont décidé de lui retirer son statut de sorcière. Seule échappatoire : plaider elle-même sa cause, en compagnie d’Ox le démon qui l’accompagnera tout au long d’un chemin semé d’embûches (ainsi qu’un gentil charpentier, un poil intéressé, qui passait par là).
Le livre illustre joliment le principe de la quête initiatique : ce n’est pas la destination qui compte mais le voyage. Évidemment le monde magique dans lequel nous allons pérégriner n’est qu’une métaphore du monde commun, peu tendre avec les individualités qui ne rentrent pas dans les cases pré-établies (et pourtant si prompt à prôner l’individualité). Du coup c’est le lecteur qui est peu à peu pris de tendresse envers Wolcano, au verbe gentiment acerbe et au coeur grand comme ça. Et au postérieur accueillant 😀
Un seul bémol, à mon sens, c’est qu’à peu de choses près seule Wolcano est montrée comme une personnalité bienveillante, et que l’auteur.e tombe un peu dans le manichéisme qu’iel dénonce. Enfin « montrée » n’est pas le terme exact : sans doute est-ce moi qui le perçoit ainsi. Le personnage de Wolcano est entier et ne cherche pas à être aimé à tout prix, juste à être lui-même. Et à donner du bonheur, par générosité ou juste pour profiter d’histoires de fesses (et c’est cool), pour qu’au final, comme elle le dit elle-même : « quand je rencontre quelqu’un, mon but est qu’il ou elle reparte plus en joie qu’au départ ». Bon ok, j’admets que c’est pas un bémol en fait. Wolcano est terriblement attachante parce qu’elle ne cherche pas à l’être.
D’un point de vue graphique, les dessins sont déclinés dans une palette de couleurs très tendres, avec une grande dominance de vert d’eau, saupoudré de rose. Le dessin est rond et doux, le tout forme une harmonie très agréable au regard.
Pour conclure, je recommande chaudement cette BD, ode à la différence et à l’amour, surtout à l’amour de soi (et l’auteur.e pousse la démonstration aussi loin que possible ^^’).
Je vous laisse sur cette petite anecdote : sur un site d’achats d’occasion, l’adresse web a remplacé « sorcière du cul » par « sorcière trop amoureuse », ce qui est un contresens assez foireux. Allez, moi je l’ai écrit, je ne risquerai pas le bûcher de mes pairs. Si? 😉
Si le thème vous a plu :
Sacrées sorcières : les enfants sont répugnants ! Ils puent ! Ils empestent ! Ils sentent le caca de chien ! Rien que d’y penser j’ai envie de vomir ! Il faut les écrabouiller ! Les pulvériser ! Ecoutez le plan que j’ai élaboré pour nettoyer l’Angleterre de toute cette vermine… Pénélope Bagieu, l’autrice de Culottées, adapte en bande dessinée le conte merveilleusement noir de Roald Dahl.
Mélusine (série de BD de Clarke et Gilson) : là c’est la nostalgie qui parle. Plus jeune j’étais fan de cette petite sorcière maladroite mais pleine de bon sens.
Laissez vous tenter :
Par les temps qui courent, c’est un peu compliqué de proposer de passer la commande d’un livre physique…
Du coup je recommande en format e-book (mais je vous enjoins à l’acheter absolument en format broché après le confinement, c’est un très joli objet à posséder) :